Comme dans la nature, qui dit nouvelle lune, dit nouveau
cycle. Et si les Américains de The Men ont choisi d’appeler leur dernier album New Moon, ce n’est pas un hasard. Car si
auparavant il ne fallait pas s’attendre à quelque chose de nouveau dans la musique
de The Men, c’est tout l’inverse aujourd’hui. The Men surprend, et à la lecture
de ce qui se dit sur le successeur d’Open
Your Heart, on peut dire qu’ils désarçonnent leurs fans de la première
heure.
Dès les premières secondes, on entend un groupe s’illustrant dans un style très éloigné de ce qu’on avait pu entendre jusqu’ici, même si le titre Candy annonçait un peu la suite des événements. Pour New Moon, The Men a décidé de creuser sa veine folk tout en gardant parfois sur certains morceaux cette fougue sonique qui les caractérise (Without a Face). Tout au long de la première partie de l’album, une vague impression d’entendre un groupe de copains faire une jam autour d’un feu de camp se fait entendre. Leur passion pour Neil Young (période Mirror Ball) apparaît au grand jour sur I Saw Her Face. Tout semble ici fait pour prendre de revers les fans inconditionnels et en conquérir davantage.
Mais les choses changent jusqu’à ce petit instrumental (High and Lonesome) placé judicieusement à mis parcours de New Moon comme pour mieux diviser deux faces d’albums bien distinctes.
La seconde partie d’album ramène les brebis égarées au bercail grâce à des morceaux comme The Brass, et les biens nommés Electric et Freaky qui rappelleront à certains les belles heures de Guided By Voices.. The Men retrouve sa puissance sonique, les guitares sales et saturées. Toute l’énergie contenue sur la première face éclate au grand jour jusqu’à l’apothéose finale Supermoon. The Men se transforme ici en une sorte de MC5 délivrant leur propre Kick Out The Jams.
Vu dans son intégralité, New Moon peut en rebuter plus d’un et c’est légitime. Mais la clé de compréhension de cet album se situe sur le fait qu’il faut écouter New Moon comme un album composé de deux EP. Une première partie folk noisy et une seconde plus électrique. Certains y verront un groupe arty trahissant ses origines pour plaire à un plus grand nombre. D’autres y verront un groupe désirant fuir le surplace en s’ouvrant à d’autres styles. C’est dans la seconde catégorie que l’on se placera.