Que
font certains musiciens lorsqu’ils sont en pause de leur groupe, sans répète,
sans tournée… ? Ils forment un autre groupe. Parmi eux, Vincent Dupas, Jean-Batiste Geoffroy, Jérôme Vassereau sont des
stakhanovistes de haut vol. Tous trois déjà bien installés dans des formations
aussi respectables que Fordamage, My Name Is Nobody et Pneu, ils se sont unis
pour visiter de nouveaux horizons et surtout voir si les bords du Lac
D'Aiguebelette en Savoie ne ressemblaient pas à ceux du Lac Victoria en Afrique.
Grâce au postulat de départ qui était de mélanger mélodies et
musique africaine, Binidu livre un premier album aussi dépaysant qu’un safari
au Kenya et revigorant qu’un stage en haute montagne. Avant de faire la
chronique de l’album Yes !, sorti
uniquement en vinyle sur le très respectable label Kythibong, on a voulu en savoir
plus sur le groupe et ses motivations, l’écriture de l’album et la manière dont
ils vont le défendre.
Vous êtes
chacun déjà bien installés dans des groupes, pourquoi avoir formé Binidu ?
C'est
vrai que nous menons nos autres projets depuis longtemps, c'est comme ça que
l'on s'est rencontré lors de tournées. Former Binidu et faire un album n'était
pas une fin en soi, l'envie de départ était de faire de le musique ensemble !
En formant ce
groupe, que recherchiez-vous que vous n’avez pas encore trouvé dans vos groupes
respectifs ? Cette collaboration est quelque chose qui trainait dans l’air
depuis longtemps ?
En
2010, on s'est vraiment beaucoup vu avec les gars, quelques dates
fordamage/pneu au printemps, puis un week end au Samynaire (près de
montpellier), puis Jey nous accompagné sur une mini tournée et faisait de la
guitare sur quelques morceaux. On a énormément rigolé et peu dormi… et on s'est
découvert une passion commune pour les guitares africaines, et on garde ça en
tête, on se dit que l'on va faire un truc ensemble.
Avec
fordamage, on avait ajouté quelques
riffs et rythmiques liés aux musiques africaines, mais ce n'est plus la
direction que l'on prenait dans l'écriture du 3ème album. Alors, suis sûrement
aller chercher ça avec Binidu, aussi retrouver des mélodies pop dans le chant,
ce qu'il n'y a pas dans fordamage et finalement assez rare chez MNIN.
Peut-être
que pour JB et Jey,le fait de jouer avec un chanteur était nouveau pour eux, et
de jouer sur des formats plutôt pop… mais je ne peux pas affirmer que c'est ce
qu'ils recherchaient, ha !
Avant même de
composer les premiers titres, aviez-vous une idée de ce que vous vouliez
faire ?
Le
postulat de départ était de partir de base de musique africaine (en tout cas ce
qu'un un occidental en a comme vision), de chanter des mélodies pop, et
d'écrire des textes directs et naïfs sur une idée fixe (les caméras dans les
villes, le constat d'échec de la compréhension du monde économique, les
bienfaits de nager dans l'océan…)
Il
y a beaucoup de second degré dans les
propos, car moins lourd que ceux de fordamage et moins perso que ceux de MNIN.
Est-ce que
Pneu , Fordamage, My Name Is Nobody a inter-agit d’une manière ou d’une autre
dans l’écriture de Yes ! ?
Jey
et JB ont super l'habitude de jouer ensemble, donc ça doit naturellement
inter-agir… mais je ne crois que l'on pense à nos autres projets en faisant
Binidu.
Binidu est une
récréation par rapport à vos différents groupes ou verra-t-on une suite à
Yes !
Récréation
est un grand mot, car au final, on va tourner ce disque comme on fait
d'habitude, et oui, on pense déjà à
commencer à écrire des nouveaux morceaux, mais sans aucune pression de temps ni
contraintes.
De quelle
manière a été composé/enregistré Yes ! ?
L'écriture
des morceaux s'est étalée d'octobre 2011 à décembre 2012 sur 3 ou 4 sessions de
répétitions, donc entre temps il se passait plein de choses, on avait écouté
plein de trucs différents, envie de jouer d'autres choses, donc on ne s'est pas
privé d'expérimenter et de sortir de ce postulat.
Je
suis d'abord arrivé avec une base guitare/voix sur 3 ou 4 morceaux et on a vu
ce qui fonctionnait avec les gars, on a démonté et tout remonté. On a écrit aussi
quelques titres ensemble en partant d'impro, d'une ligne de voix… et l'un des
morceaux à même été produit pendant l'enregistrement… donc pas vraiment de
règles encore une fois.
Une
semaine à répéter dans un pavillon de chasse au bord du Lac D'Aiguebelette en
Savoie a fait beaucoup pour cet album ! C'est un endroit de rêve pour
travailler et perfectionner la nage en eau claire, chaude, et calme alors qu'il
fat 30 degrés à l'ombre...
On
a enregistré en janvier 2012 avec Miguel Constantino à Quimper suite à
l'enregistrement de Papaye (dans lequel JB joue), sur 2 jours donc bien
intense, puis c'est Jey qui a enregistré les arrangements supplémentaires puis
mixé tout le bazar dans leur studio à Tours.
Le titre Yes ! est à
prendre comme un cri d’autosatisfaction sur le résultat final ?
haha,
non ce n'est pas de l'autosatisfaction, en fait, c'est un mot que l'on utilise
tout le temps, c'est surtout une façon d'être bien positif, dans l'idée Binidu,
c'est positif.
En
tournée avec Enablers en mai dernier, Pete Simonelli nous faisait remarquer que
notre utilisation à outrance donne au Yes une autre signification, c'est
presque devenu un verbe… il y dedans l'idée d'être volontaire à faire plein de
nouvelles choses, exactement comme on a fait Binidu.
Comment qualifieriez-vous autrement votre musique que la phrase « un projet plus planant que Fordamage, moite,
mais moins suant que Pneu. Le groupe des vacances. » que l’on
retrouve dans votre dossier de presse ?
C'est
de la pop pas mièvre qui se joue fort !
Incruste à Nancy: BINIDU from What comes around... Goes around.
Vous avez récemment fait un
concert sauvage dans une galerie d’art nancéenne organisé par What Come Around
Goes Around. Comment allez-vous défendre votre album ? En cherchant des
lieux aussi atypiques ou de manière plus classique ?
Ce
concert s'est passé durant la tournée partagée avec Enablers, c'est con, on a
reçu les disques le jour de notre retour, alors que c'était pour défendre le
disque avec un peu d'avance… mais on va faire comme d'habitude, on va prévoir
des tournées en France et à l'étranger, et on va jouer dans les lieux que l'on
nous propose tant que les gens sont contents d'organiser un concert ! Même si
on adore jouer dans des lieux atypiques, on ne recherche pas ça spécifiquement.
Etre sur un label comme
Kythibong revêt-il une signification particulière pour le groupe ? Et vu
que Fordamage fait partie du catalogue c’était une évidence ?
Nous
étions tous les trois ok sur le fait que Kythibong était idéal pour nous, c'est
des amis, on avait tous déjà bossé avec eux (fordamage, papaye, et le split de
la colonie de vacances) on se reconnaît à 100% dans leur démarche, et on
pensait qu'il comprendrait la notre donc on leur a proposé en premier et ils
ont accepté, on a trouvé que c'était bien YES ! et on les remercie encore !
Kythibong / Bandcamp