Lorsque l’on voit pour la première fois en concert Michael
O'Connell, alias Culture Reject, on s’imagine très vite une personne pleine de
gentillesse et d’humilité. Une personne avec le cœur sur la main, loin des
turpitudes du showbiz. Et lorsque l’on apprend qu’à côté de sa carrière de
musicien, Michael O'Connell est travailleur social pour aider les enfants et
les sans-abri des quartiers difficiles de sa ville d’origine (Toronto), on ne
s’étonne plus du personnage. Cet environnement et cette attitude envers les
personnes transpiraient déjà sur son premier album éponyme. Un album passé honteusement
inaperçu mais qui a bouleversé à jamais ceux qui ont eu la chance de l’écouter.
Huit ans après, presque une carrière d’artiste aux rythmes où vont les choses,
Culture Reject sort son nouvel album chez Specific Recordings.
Culture Reject n’essaie pas de ressembler à qui que ce soit. Il joue sa musique avec une douceur infinie. Comme pour contredire le titre donné à l’album, rien n’est ici joué avec force. Les mélodies sont d’une limpidité incroyable sans jamais tomber dans la platitude. Touchantes et pleines de finesse, les mélodies s’incrustent en vous et ne vous quittent plus. Pour succomber, il n’y a qu’à jeter une oreille sur Avalanche et sa caresse funkysante, ou sur les déchirant Brand New Well Worn Suit et In My Lovin. Tout au long des morceaux impeccablement maîtrisés seuls ou accompagnés par des chœurs féminins, Forces se pare d’une mélancolie diffuse jamais surjouée. La seule difficulté de cet album est d’y trouver un mauvais titre. Bien malheureux celui qui en trouvera un. On ressort de Forces complètement lové, heureux d’avoir rencontré un artiste rare et précieux.