Si Stephen Malkmus et Chan Marshall avaient une sœur commune, elle s’appellerait Courtney Barnett. Cette australienne de 25 ans est la sœur dont bon nombre d’entre nous a toujours rêvé d’avoir. On l’imagine un peu garçon manqué, en train de piquer notre tee-shirt de Sonic Youth ou notre chemise à carreaux dix fois trop grande pour elle. On l’imagine aussi facilement en train de piocher dans notre cdthèque le premier album de Liz Phair. Courtney Barnett est le genre de fille qui pourrait, aux yeux de vos copains, paraître plus cool que vous. Elle est la simplicité et la sincérité incarnées.
Dans ce premier album regroupant ces deux premiers EP, l’Australienne n’hésite pas à se mettre en avant et utiliser le « je » dans chaque morceau. Elle ose aussi le franc parlé ou l’ironie. Elle respire une certaine liberté qui s’exprime dans les différents styles musicaux qu’elle emprunte aussi bien au folk, au blues qu’à la pop. Elle mélange les genres, parfois même prend des risques comme sa reprise de "Black Skinhead" de Kanye West lors de son passage dans une radio australienne. Derrière ses ritournelles faussement légères, Courtney Barnett redonne vie à l’esprit slacker. Elle sait écrire des chansons et les chanter à la manière d’une conteuse dylannienne. Avec humour et autodérision, elle raconte ses amours déçus (History Eraser) ou anonymes (Anonymous Club). Elle ne rougit pas lorsqu’elle parle de ses jeux solitaires (Lance Jr) ou de son intérêt pour les paradis perdus (Avant Gardener).
Dans ses ruminations pleines de mélancolies et de désenchantements, Courtney Barnett nous offre en reflet des extraits de vie quotidienne de chacun d’entre nous. Une vie baignée de normalité. Tout ceci fait-il de Courtney Barnett la première artiste normcore ? Peut-être, mais ce qui est sûr c’est qu’elle est la nouvelle sensation pop de 2014.
Damien
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