Le respect. Voilà ce qu'inspire le dernier album de Stanley Brinks, simplement le respect. Non pas tant par la qualité musicale de ce nouvel album, le 101eme en date, non, à ce niveau là, les connaisseurs du personnage ne seront pas pris à rebrousse poil (pour les autres imaginez Bob Dylan avec du talent), non vraiment, si ce disque impose le respect c'est justement pour tout le reste, tout ce qui n'est pas musique.
Pour la faire courte, André Herman Dune alias Stanley Brinks, est une tête de mule, un entêté, un Pitbull. Il ronge son os, dans son coin, depuis des années, sans grogner, sans rien demander à personne, sans grands rêves, sans grandes prétentions. Il fait ce que tout musicien devrait avoir le courage de faire : il n'essaie pas de vivre de sa musique, mais il vit sa musique. Il ne concède rien, il ne rêve à rien, il n'ambitionne rien. Non, Stanley creuse, ronge, écrit et ré écrit la même chanson, le même texte, les mêmes émotions, le même quotidien, comme il le fait depuis plus de 15 ans maintenant. Stanley à la superbe des gens inspirés, le courage des peintres impressionnistes qui ont sortis leurs toiles au grand air. Pour l'avoir rencontré plusieurs fois, Stanley n'est pas forcément sympa, il s'en fout. Il ne nous doit rien, il vit sa musique point. Stanley c'est celui qui à dit non. Peu importe les sacrifices, peu importe les fâcheries, les vexations, Stanley veut juste écrire et chanter. Point. Il a deserté un groupe au paroxysme de la hype, il a déserté la France, pour Berlin et une vie sur la route, il s'est défait de tout ce qui pollue la création musicale, les artifices, le marketing, les plans de carrière, les contrats, les attachés de presse, les médias même. Il a poussé l'abnégation jusqu'au sacrifice ultime : sa vie. Stanley Brinks s'est dissout dans sa musique, comme un Van Gogh s'est dissout dans sa peinture.
Alors pour ça je dis respect.
Jean Elliot Senior